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Rap Alsace

3 février 2012

Lacro

 

 

Lacro

 

Lacro est un rappeur strasbourgeois actif depuis plus de dix ans. S’il jouit d’une petite réputation au sein du milieu underground , son audimat risque de s’agrandir dans les années à venir.

Ayant commencé au collège, en parodiant des émissions radiophoniques avec ses amis, Lacro semble avoir toujours aimé écrire. « Le rap est venu par défaut. J’aime la musique, y mêler mes textes, et n’ayant pas de formation de chant, pas d’instruments, j’ai pris ce qui était à ma portée », avoue-t-il en entretien. Depuis, le rappeur a écrits de nombreux morceaux, dont plusieurs n’ont jamais été dévoilés au public. Néanmoins, en l’espace d’un an, il a sorti sept projets, dont certains assez anciens. « Cela relève avant tout de la passion, et un peu du caprice d’ado. Je me suis dit que si je voulais repartir à zéro et venir avec quelque chose de récent, il fallait faire table rase, mais sans oublier ce qui avait été fait. »

A la première écoute, le flow tranché peut laisser dubitatif. Lacro pose sa voix de manière décalée, retombant généralement plus sur la mélodie que sur la rythmique. Ses intonations graves, reconnaissables, peuvent faire penser de prime abord que chaque nouveau morceau ressemble au précédent. Mais, si l’on pousse l’écoute, on pourra se rendre compte que chacun des titres possède sa propre structure, entraînant une interprétation différente. « Je réfléchis à ça, parce que le reproche que l’on peut faire au rap est qu’il est monocorde. J’essaye de travailler ça à mon échelle, en laissant  de la place à la musique. » Ces expérimentations semblent réellement aboutir dans les extraits entendus tirés des disques En attendant le buzz et Fais-ton buzz. Ces albums sortiront consécutivement au cours des deux prochaines années, livrant une nouvelle facette du travail du rappeur.

Reste l’essentiel : les textes. S’ils restent dans la droite lignée du rap « conscient » tel qu’on le connaît depuis les années 90, l’auteur leur assure un impact quasi-viscéral grâce à une écriture acérée, à mi-chemin entre le rap contestataire et une chronique de sa propre vie.

Lacro construit un univers sombre, plus ouvert qu’il n’y paraît. A la base, écrire lui semble procéder d’une démarche égoïste, dans la mesure où il rappe d’abord pour lui-même, à la première personne. Mais même s’il avoue ne pas le faire de manière consciente, il prend en compte l’auditeur à chaque fois. « Ecrire c’est mettre en mot ce que tu ressens pour te délester d’un poids, mais aussi pour essayer de communiquer avec l’autre. Le dialogue ne doit pas être à sens unique. » Dans un soucis de cohérence, Lacro travaille l’enchaînement des titres. De là naît un effet immersif, en totale adéquation avec sa manière de rapper. « Comme pour un film, l’important n’est pas les images elles-mêmes, mais ce que l’on en fait. » Et comme pour un film, ce que l’on voit (ou ce que l’on entend) peut vous suivre après la fin de la projection (ou ici, de l’écoute).

 

Retrouvez Lacro dans l’interview de l’article précédent et sur :

http://lacro.bandcamp.com/
http://www.myspace.com/lacrochage
http://www.hurricaneentertainment.com/

 

L’ album 10 titres promotionnel " De passage " en avril dernier est disponible ici : http://lacro.bandcamp.com/album/lacro-de-passage-album-promotionnel-2011

 

Le LP 19 titres de Lacro est disponible en cd digipack sur http://www.myspace.com/lacrochage

Voici le premier clip qui en est issu (un deuxième est en préparation) :

 

Est également disponible sur i-tunes ( deezer, spotify, fnac,...) le 2 titres : " Mon onzième doigt " ( prod by Prodzillah ) &

" Tapis Feat Carte sur table " ( Prod by Kayo ) sur : http://lacro.zimbalam.com/

Quelques extraits de l'album en libre écoute sur : http://soundcloud.com/lacro/sets/en-attendant-le-buzz/

Facebook : https://www.facebook.com/pages/Lacrochage/121233474601358

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3 février 2012

Interview de Lacro

 

 

lacro avant

 

Comment as-tu commencé le rap ?

J’ai commencé au collège. Avec des potes, on s’enregistrait sur cassettes, avec un vieux poste. On faisait des parodies de chansons, de pub... Puis, en cinquième, j’ai découvert Ombres et lumières d’Iam que j’ai vraiment apprécié. On a donc formé un groupe, « La devise » , avec entre autres Dj Nox. En 1996, j’ai rencontré un rappeur du Macia, un vieux groupe de Strasbourg qui était très actif dans le graffiti et le rap au cours des années 90. C’est lui  qui m’a lancé, en me créant mes premières instrumentales. Il faisait mes doublages et mes refrains… Il m’a également fait participer à deux projets de mixtapes de DJ Macleod, avec qui j’ai retravaillé par la suite. A cette époque, j'allais souvent improviser avec des amis chez DJ P, DJ Nox, Leod, Def ou encore Nelson. Mais c’est surtout l’écriture qui m’a amené au rap qui, lui, est venu par défaut. J’aime la musique et y mêler mes textes, mais n’ayant pas de formation en chant, pas d’instruments, j’ai pris ce qui était à ma portée.

 

Il y aurait aussi l’écriture, à proprement parler…

L’écriture « fictionnelle » est là, parce que j’aime ça. Je ne souhaite pas livrer des best-sellers, mais simplement écrire de manière différente, plus aboutie. Cela me sert à pousser mon imaginaire jusqu’au bout... Parvenir à créer un univers et des personnages me permet d’imager ce que je pense, ce que je ressens, et ce sans me mettre en avant, ni que ce soit de moi qu’il s’agisse. Mais ce n’est pas d’actualité aujourd’hui, car j’estime ne pas être encore assez mature dans mon écriture. Je reprends ce que j’ai écris tous les ans, c’est un travail sans fin. Je ne me sens pas encore prêt à m’y consacrer pleinement.

 

Tu penses à arrêter le rap, du coup ?

Pas à arrêter. J’ai pour projets de faire en deux, trois ans ce que je n’ai pas fait pendant une quinzaine d’années. C’est sûr que d’ici quelque temps, musicalement, j’aimerai pouvoir être amené à faire d’autres choses. Et c’est pareil pour l’écriture. Je ferai toujours du rap, mais pas forcément comme aujourd’hui. Si je fais de la musique, il y aura du rap dans ce que je fais. Si je sors des bouquins, tu sentiras peut-être aussi une écriture proche du rap.... Même si ça, ce sera aux lecteurs de le dire.

 

C’est dans cette optique d’évolution que tu sors de nombreux projets ?

Oui. C’est surtout le fruit d'années de pratique, de musique et d'écriture. Aujourd’hui je sais où me situer dans l'univers de la musique. Je pense avoir mon écriture, mon style de flow. Le fait que j'ai sorti sept disques en l'espace d'un an, relève avant tout de la passion, et un peu du caprice d'ado. C'est d'ailleurs pour ça que l’an dernier je suis arrivé avec pas mal de projets, dont la plupart sont assez anciens. Il y avait d’abord le vinyle Ma vision du monde, que j’ai enregistré à dix-huit ans. Ce disque a été élaboré en une grosse année avec Bonzer qui en a composé toutes les instrumentales. Il était déjà terminé en 2000, mais nous n’avons pas pu le sortir à cette époque, par manque de structure et de compétences. A côté de ça, j’ai aussi sorti une série de quatre CDs, Rien n’se perd, sur le format des mixtapes. J’y ai mis des morceaux en solo ou avec des potes, des passages radio, des maquettes, des freestyles et des improvisations datant des années 1999 à 2009. Au début je voulais en faire un disque, peut-être deux, en regardant les projets que j’avais fait et qui ont, en quelque sorte, étés avortés. Il y a des extraits d’une compilation qu’on aurait dû sortir en 2004 avec l’association Musica Libre, dont je fais partie, des apparitions sur d’autres projets... Je me suis dit que si je voulais repartir à zéro et venir avec quelque chose de récent, il fallait faire table-rase, mais sans oublier ce qui avait été fait. Le but était de retracer mon parcours dans la musique durant les 10 dernières années.

C’est ce qui m’a permis, cette année, de sortir un dix titres, De passage, en téléchargement gratuit.

 

Pourquoi ce choix ?

Le but avoué est d’ annoncer les sorties prochaines des albums En attendant le buzz ... et Fais ton buzz , un album sur lequel je travaille depuis 2009 et qui devrait sortir courant 2012 en vinyle. Mais je l'ai aussi fait pour essayer d'amener un maximum de personnes à découvrir ma musique, en espérant que ce projet donnera envie à certains d'investir 10 euros dans mes projets d’albums, afin de permettre à l'association qui me produit d'amortir le petit investissement encouru. Un album, c’est avant tout un produit, donc de l'argent, pour être concret et réaliste. Même si je fais en sorte d'être indépendant au maximum afin de réduire les frais, je suis obligé de payer le mastering, le pressage, la promo.... Je fais en sorte d'investir le moins possible et d'éditer des petites séries afin d'aboutir chacun des projet que j'ai accumulé. J’en ai écrits et enregistré plusieurs qui ne sont jamais sortis, comme pleins de gens ont écrits des livres qui n’ont jamais été édités. Mon but est donc dorénavant de mener à bien chaque projet, même à petite échelle, afin de pouvoir me retourner dans 10 ans et me dire que je n'aurai pas perdu mon temps. Chaque projet m'inspire un autre projet. Ca n'a pas de fin et, paradoxalement, je dirais que ça n'a pas de prix. Je ne suis pas à la recherche du tube, du son qui deviendra un classique. Je cherche plutôt à dessiner mon univers au fil des projets.

 

Peux-tu nous parler d’ En attendant le buzz ?

A la base, De passage ne devait pas contenir autant de titres. Je pensais n’en faire que trois ou quatre. Mais j'ai accumulé tellement de maquettes... J'avais 8 titres que je voulais caser. J'ai donc fait une intro, une outro, et ça a donné l'album. Et puis, quitte à faire un projet, autant pousser le vice. J’ai pris De passage comme un instant, ayant sa propre raison d’être : le titre vient du fait que je ne suis que de passage sur Terre, dans le rap… C’est un moment donné de ma vie et tous les textes sont plus ou moins en rapport avec cette idée. En le faisant, j’ai enregistré encore pas mal de titre qui ont donné un autre album qui sortira courant novembre en vente digitale, et qui s’appelle En attendant le buzz. Ce sera un dix-neuf titres comportant pas mal de featurings, avec la volonté d’amener de la variation dans ce que je fais, notamment grâce à un panel de sons et de styles différant les uns des autres. Je me suis fait plaisir a expérimenter musicalement, contrairement à Fais ton buzz, où il y a des textes que je veux vraiment mettre en avant, sur des instrumentales triées sur le volet. Tous mes projets sont le résultat d’années de travail et de passion. J’ai surtout la chance de côtoyer de nombreuses personnes faisant des instrumentales avec des touches et des pâtes différentes, me donnant envie d’y figer mes textes. Mais ce n’est pas des projets sur lesquels j’ai envie de me reposer. Il y aura encore d’autres choses après, même si je ne calcule rien. On ne peut jamais tout prévoir.

 

Pourquoi sortir tes disques en vinyle ?

C’est une belle phrase que je vais te dire, mais pour moi c’est un peu l’objet noble par excellence. Je me suis donc renseigné, j’ai démarché plusieurs boîtes de pressages et j’en ai trouvé une en Belgique. Personne ne m’a tendu la main. Et le vinyle, c’est aussi un clin d’œil à ce qui m’a donné envie de faire du rap à la base, à savoir de poser sur des faces B chez un DJ.

 

Mais cela fait partie du mouvement hip-hop …

Voilà. Mais c’est à ce niveau-là que je disais que le mouvement aujourd’hui, et depuis plusieurs années, ne me parle plus. Ni dans la vie de tous les jours, ni dans ce que je fais. Le disque que j’ai enregistré, Ma vision du monde, est vraiment d’ans l’esprit hip-hop de l’époque.  Même si là je te parle de moi et de ce que j’ai fait, j’essaye d’avoir du recul par rapport à ce disque. C’était plus dans la lignée de ce qui se faisait avant, à tous les niveaux. Et c’est vrai que maintenant, bien que je fasse du rap et que j’apprécie bon nombre de groupes que j’écoute encore, le mouvement actuel ne me touche plus. Dans le morceau Boycotte-moi, qui sera sur En attendant le buzz (en featuring avec Res Kp), je dis « On me dira : mais ton son casse la tête, on est en 2010 mec, qu’est-ce que tu viens avec un vinyle et des mixtapes ». Et c’est un peu pour ça que j’ai fais ces projets, même dix ans après. C’est un clin d’œil à ce qui m’a fait aimer le rap et qui me permet aujourd’hui de dire que je fais du rap. Au début je te parlais des freestyles sur face B chez des dj's qui m'ont amené au rap. Ca c'était hip hop à mon sens. Aujourd'hui cela se fait de moins en moins. Cites-moi un dj qui reçoit encore les Mc's de son coin ou de son entourage pour faire des sessions d’improvisation… Les rappeurs improvisent de moins en moins et appellent freestyle ce qui n'en est pas. Quand j'entend un rappeur faire un couplet et appeler ça du freestyle, je décroche. Pour lui c'est hip hop, pour moi ça n'a pas de sens. Poser un texte sur une autre instrumentale n'a rien à voir avec le concept même...  Je ne dis pas que je suis plus hip hop - ou moins - que les autres. Aujourd'hui, je fais mon buzz, c'est-à-dire mon truc à ma sauce et dans mon coin, comme pleins d'autres qui ne se reconnaissent plus dans le mouvement.

 

Tu préférais la mentalité de l’époque ?

Pour moi, le mouvement actuel me fait penser à ce qui se dégage de la civilisation romaine, ou grecque, qui a voyagé, conquis des territoires et rencontré d’autres peuples. Ils se sont tout approprié et ont fait table rase du passé. C’est ce qui se passe avec le rap aujourd’hui. Ceux qui montent, jeunes ou moins jeunes, refont ce qui a déjà été fait, refait, entendu et écrit. Pour les instrumentales, ils en sont venus à re-sampler du rap. Leurs flows, ils ne s’en rendent même pas compte mais c’est du Sage poètes de la rue craché, du La Cliqua, du Rocca, du 2Bal, du Lino… Et en même temps, il n’y a aucune référence, aucun hommage à ce qui s’est fait avant. Prend l'exemple de mecs ultra connus, comme Rohff ou Booba. Rhoff a été propulsé et mis en avant par Expression direkt. Dis moi ce qu'il a fait pour eux en retour ? Pareil pour Booba. Je ne dis pas ça pour les juger, et je ne dis pas non plus qu'ils devaient aider les personnes qui les ont lancé, car ils font ce qu'ils veulent. Je te dis ça pour te dire que d'une, ce n'était pas mieux avant, et de deux, que tout est une question de personne et de mentalité. Moi par exemple, Samy B qui m'a aiguillé durant mon adolescence aura toujours mon respect, et je n'oublierai pas la confiance qu'il m'a porté De nos jours, le hip-hop n’est plus un mouvement, c’est surtout une histoire d'ego et un gros créneau pour les investisseurs. Ce qui m’énerve le plus, c’est leur manière impersonnelle de concevoir la musique. Même si c’est du « moi, je » et beaucoup d’egotrip, il n’y a rien de personnel, ce qu’ils disent, tout le monde pourrait le dire. J'ai écris un truc dans ce sens ou je disais « Quand j’étais ado, je croyais qu’on prenait le micro quand on avait des choses à dire, qu’on travaillait son flow. J’étais bien trop naïf et entier. Après j’ai vite déchanté quand j’ai vu que la plupart de ceux qui se mettent en scène le font pour se faire mousser. »

Sur les mixtapes Rien n’se perd, j’avais écrit sur ce que devenait le mouvement, car cela me mettait en colère. Mais dans le fond, maintenant je m’en fous. Je regarde ça d’un air curieux pour voir ce qui se fait aujourd’hui, mais ça ne me parle plus du tout.

 

Même des personnes comme Fréko Ding ?

Si. Ca ça me parle encore. Il y a toujours des rappeurs qui réussissent à me toucher, mais ils sont hors mouvement. J’aime bien un gars comme Sidi Omar. Sans chercher à faire mon sociologue, ni à analyser, si tu regardes Sidi-O, il a un peu été à la base d’Explicit 18, de Néochrome… Il était mis en avant à l’époque, mais maintenant que ces structures ont gagné en visibilité , et que des gens comme Seth Gueko ont été propulsés, on ne le voit quasiment plus. Alors qu’il a son propre style, son propre univers. Je suis de plus en plus amené à me retrancher sur des morceaux que j’écoutais avant, comme un petit vieux. J’écoute encore du rap français, mais plus par nostalgie, ou surtout par curiosité.

 

Du coup, pourquoi appeler ton album En attendant le buzz ?

Déjà parce que le suivant s’appelle Fais ton buzz. C'était un clin d’œil. Et puis c'est aussi de l’ironie, du cynisme. La pochette me représente en train de pioncer, avec mon appartement en chantier. Je me moque autant de moi-même que du monde du spectacle. Il y a de l'autodérision, mais en même temps, il y a un fond de vérité. On vit dans la société du spectacle. Il faut tout le temps de l'action, de l'émotion... Faut que ça buzze ! Mais le « buzz », ça veut tout et rien dire. Tout dépend de ce qu'on met derrière. Et en attendant, la vie est ce qu'elle est, et notre quotidien ne s'améliore pas. Trop souvent on vit par procuration et on rêve de choses dont on a pas réellement envie. On passe donc à côté de sa vie selon moi. Voilà pourquoi  En attendant le buzz .... On attend le grand changement en vain, car le changement c'est toi, c'est moi.... et ça a lieu aujourd'hui, pas demain ou dans 10 ans.

 

C’est dans cette optique d’évolution que tu sors de nombreux projets ?

Oui. C’est surtout le fruit d'années de pratique, de musique et d'écriture. Le fait que j'aie sorti sept disques en l'espace d'un an, relève avant tout de la passion, et un peu du caprice d'ado. C'est d'ailleurs pour ça que l’an dernier je suis arrivé avec pas mal de projets, dont la plupart sont assez anciens. Je me suis dit que si je voulais repartir à zéro et venir avec quelque chose de récent, il fallait faire table-rase, mais sans oublier ce qui avait été fait. Le but était de retracer mon parcours dans la musique durant les 10 dernières années. C’est ce qui m’a permis, cette année, de sortir un dix titres, De passage, en téléchargement gratuit.

 

Tu construis beaucoup tes disques, l’agencement des titres, voire même l’ordre de sortie des albums …

Oui toujours. C'est, pour moi, l'intérêt même de faire un album. A la base, je voulais faire Entre la voix de mon cœur et la voix de la raison, un album que j’ai en projet depuis quatre ans. Plus d’un tiers est déjà enregistré, les instrumentales sont choisies. Mais avant cela je voulais faire quelque chose d’un peu plus général. Après, ce qui unit les morceaux est souvent dans le sens et dans les textes. L’enchaînement des titres est l’élément le plus important. Comme pour un film, l’important n’étant pas les images elles-mêmes, mais ce que l’on en fait. J’aime quand on peut discerner un univers, une ligne conductrice.

 

Tu t’autorises certains débordements ?

 Je me laisse le droit d’expérimenter, d’envisager des univers différents. Pour prendre un exemple concret, on m’a invité sur un projet de compilation, avec des instrumentales proches de ce que fait Dr Dre dans la composition. C’est bien fait et je n’ai rien contre, donc j’ai posé dessus sans problème, même si je n’aurais pas fait ça sur un de mes projets. Et le gars a mis de l’autotune sur mon refrain. Ca ne me dérange pas. Je lui ai dit que si c’était la couleur qu’il voulait donner à son projet, c’était bon. Je n’ai pas de problème d’image. Même s’il a mis de l’effet sur le refrain, il n’a pas changé mon texte. Ca reste ce que je pense et ne dénature pas ce que je suis, ce que je fais, même si la forme diffère de ce que j’ai l’habitude de faire.

 

Comment envisages-tu un nouveau morceau ?

Je travaille pas mal au niveau de l'interprétation. Faire vivre ce que je dis, ne pas simplement faire une démonstration de style. Sur beaucoup de vieux écrits, par exemple, j'ai fait pas mal de maquettes sur face B, pour essayer des choses différentes. Du coup quand je choisissais l'instrumentale originale sur laquelle enregistrer, j'étais sûr de ce que je voulais. Cela ne se ressent peut-être pas, mais je mets en scène ce que je dis, et je ne peux pas fonctionner de la même manière pour chaque morceau. Chacun doit avoir sa spécificité. Je réfléchis à ça, parce que le reproche que l’on peut faire au rap est qu’il est monocorde. J’essaye de travailler ça à mon échelle, en laissant  de la place à la musique. Si tu écoutes bien, tu verras que je retombe plus sur la mélodie que sur la rythmique.

 

Tu t’occupes de l’arrangement de tes morceaux ?

Il y a beaucoup de beatmakers avec qui je travaille : Prodzillah, Comtox, Fost, High Chief, Nahtee, Bonzer, Geofroy le batteur d’Ard District, Mad Pressure, Leo de CHUD… des gens que j’apprécie et que je connais plus ou moins bien. Je travaille la séquence avec celui qui a fait l’instrumentale, pour les arrangements, je travaille avec Prodzillah. On remonte le tout sur Logik, on réécoute bien, et lui apporte sa touche, s’il trouve que des éléments dénotent. Après on envoie le tout à son cousin, Red Richards, avec qui il tient le collectif Family Business et qui, lui, assurera le mixage.

 

Avec le temps, tes textes semblent devenir plus optimistes…

Pour faire sortir certaines choses, il faut se faire violence et dire des choses qui font mal à ceux qui les entendent, mais aussi à ceux qui les écrivent. Comme j'écrivais « certaines vérités sont difficile à écrire, à dire et à entendre ». La musique m’accompagne, et si aujourd’hui j’écrivais encore comme je le faisais à dix-sept ans, ce serait dommageable pour ma vie, comme pour ma musique. Ce que j’écris maintenant peut paraître plus optimiste. Je dirais plutôt que c’est plus détaché. Je ne pense pas avoir été moins optimiste avant. Avec le temps, il est normal de prendre du recul. Le but est de trouver le mot juste qui me permettra de me détacher, sans me mettre en avant. Ecrire c’est mettre en mot ce que tu ressens pour te délester d’un poids, mais aussi pour essayer de communiquer avec l’autre. Le dialogue ne doit pas être à sens unique.

 

Ou trouvera-t-on ton prochain album ?

Sur Strasbourg, on le trouvera à la Fnac, au Macia store, sûrement à Slide Box et Oxbow si ils sont encore motivés. Sinon, il sera disponible de main en main, via Myspace, Paypal et sur I-tunes. Ce ne sera pas une grosse production. Je fais généralement des petits tirages. Les mixtapes Rien n’se perd, j’en ai fait soixante de chaque…

 

lacro arriere

16 octobre 2011

Kastle

Kastle, rapeur du 67 présente son premier morceau, intitulé

Nouvel horizon, en featuring avec Yeman (qui signe également la production) :

Yeman & Kastle - Nouvel horizon by Kastl9

 

16 octobre 2011

Rim X

RimX présente son premier album, Révolution.

Rimxcouleur vrai 3

Contrairement à l' Allemagne où chaque ville est représentée de manière égale, la France voit sa scène rap partagée entre Paris et Marseille. Si certains rappeurs (tel Orelsan venu de Caen) réussissent à percer loin de ces deux agglomérations majeures, le phénomène est néanmoins assez rare. Face à la sous-représentation héxagonale, l'émergence de nouveaux MCs (acronyme de Maître de Cérémonie, autre terme désignant les rappeurs) se doit d'être soulignée.

Strasbourg a vu apparaître nombres de rappeurs (dont Mess Bass, La mixture, L.A.R., N.A.P., Poltergeist, 1P2C et La Chroni'k, pour ne citer qu'eux), la plupart étant fiers de représenter leur ville, quitte à se situer en marge du système musical et de ses circuits de distribution « traditionnels ».

RimX, natif de la cité Erstein à Schiltigheim et rappeur de 21 ans, est de ceux-ci. Après sa découverte du rap américain (puis dans un second temps du rap français ), il sort son premier maxi en 2008. Devant les retours favorables, et cinq mixtapes plus tard (disponibles gratuitement sur son site http://rimxofficiel67.skyrock.com/), RimX arrive avec son premier album, Révolution.

Loin des clichés actuels, son rap se veut conscient, représentatif de sa personnalité, sans pour autant être larmoyant ni même tenter d'imposer un modèle à suivre.

« Je cherche à paraître vrai avant tout. La crédibilité m'est indispensable, dans la mesure où le rap fait pleinement partie de ma vie. Mais je ne dis pas que la voie que j'ai choisie est la seule qui existe. Comme je le pose dans un morceau du maxi que je prépare avec Kazana, je suis revendicateur, oui, un éducateur, non. » Cette ligne de conduite, RimX la suit tout au long des 18 titres de Révolution. Ceci expliquant pourquoi la plupart des artistes invités sur l'album font partie du cercle intime du rappeur.

Même s'il se permet quelques débordements, ils sont toujours canalisés (le titre Biatch, en featuring avec Guigui est, pour exemple, contrebalancé par le titre Ma perle rare), créant un album cohérent. Néanmoins, l' homogénéité de l'album constitue également l'un de ses points faibles. Le flow de RimX ( sa manière de rapper) ne varie pas assez pour réellement surprendre et peut finir par lasser, prédestinant une écoute titre par titre. Le rappeur lui-même en est conscient (dans le titre Extermination, servant d'introduction à l'album, il dit « Le flow ne change pas, mais c'est pas grave (...) pour une fois que je passe à l'album, je fais pas tout ça à l'arrache »). Cela n'est au final que peu gênant car, même en parlant de lui à la première personne sur la quasi-totalité des titres, le jeune MC sait se faire universel. Le mérite incombe à une écriture claire et concise et à des thèmes compréhensibles par tous (comme les liens familiaux dans le titre Petit-fils d'Alsacien, dédicacé à son grand-père). Ajouté au fait que RimX vive avec son temps. « Je n'ai rien contre le rap old school, simplement, ce n'est pas de mon époque. C'est pourquoi les sonorités de l'album se font électroniques, actuelles ».

Les personnes souhaitant commander l'album peuvent le faire via le site de l'artiste, ou en le rencontrant personnellement, Rim X le vendant lui-même dans la rue. Les personnes interressées par un featuring peuvent également le contacter. Dans un esprit hip-hop, le MC reste ouvert aux découvertes et aux propositions de morceaux.

Cet article est paru en mai 2011 dans  Transversalles 

Article RimX recadré

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